Attention à la recrudescence des addictions en période de confinement
Les enfants
Pour éviter l’usage abusif allant jusqu’à l’addiction, les parents pourront se repérer grâce à la règle des 3-6-9-12 relayée par l ‘association française de pédiatrie :
• Avant 3 ans pas d’écran : raconter des histoires permet de structurer les repères spatiaux et temporels, la tablette pouvant être juste un support utilisé par l’adulte.
• De 3 à 8 ans : cessions courtes de visionnage bien choisies, 40 minutes par jour maximum. Privilégier les activités manuelles, les jeux sans écran et le développement de l’imaginaire.
• De 9 à 12 ans : il faut apprendre à l’enfant à naviguer sur la toile en présence de l’adulte pour éviter les pièges et les dangers d’internet.
• Ainsi à 12 ans : l’enfant est capable d’aller seul sur le web, ayant bien intégré les règles de sécurité comme le droit à l’image, l’e-réputation, les fausses informations. Il faut définir les heures de navigation, installer un contrôle parental et parler des dangers de la pornographie, du cyberharcèlement. La loi sur le téléchargement doit être connue.
Si le collégien réclame un téléphone, il vaut mieux lui conseiller de ne pas s’inscrire sur un réseau social et le cantonner à un forfait bloqué.
Cet apprentissage avec les parents permet de limiter l’addiction aux écrans en devenant adulte.

Éviter l’hyper-connexion professionnelle
Le télétravail révèle la tendance à ne pas savoir se couper de son travail. Il existe une loi adoptée en juillet 2016, qui a instauré un droit à la déconnexion. Mais en pratique, la négociation en matière de connexion professionnelle se discute au sein de l’entreprise (obligatoire à partir de 50 salariés). Normalement, le salarié a le droit de ne pas télétravailler en dehors des temps de travail.
Individuellement, il faut veiller à respecter certaines limites :
• Ne pas répondre immédiatement à un mail si non urgent
• Privilégier le contact humain
• S’accorder une vraie pause déjeuner sans écran
• Ne pas consulter ses mails en vacances et programmer une réponse automatique en précisant les dates de congés
• Pendant les réunions, éteindre les téléphones
• Essayer de ne pas appeler les collègues trop tardivement, ne pas exiger de réponse immédiate si pas urgent, faire des mails concis avec le message important en évidence
• Cibler les destinataires de mail sans mettre réponse à tous de manière automatique

Toutes ces astuces ont pour but de réduire l’hyper-réactivité et l’hyper-activité qui peuvent aboutir à des conduites addictives aux écrans et au surmenage
Pour vous aider : www.lebonusagedesecrans.fr

Les personnes souffrant d’addiction
Elles sont particulièrement vulnérables en période de confinement. Le travail permet habituellement de limiter les prises ou soutenir l’abstinence en permettant d’occuper de larges plages horaires. Actuellement, les pulsions addictives peuvent ressurgir et entraîner de sévères rechutes. Il va falloir tromper l’arrivée du besoin impérieux d’alcool ou autre en anticipant d’un jour à l’autre la programmation de petites activités amenant du plaisir. Au bout de quelques minutes, le besoin peut disparaître jusqu’à la prochaine fois. C’est ainsi que la personne peut mieux contrôler sa consommation. Il faut également savoir que c’est en période de sevrage que l’agressivité et la violence devient la plus intense. Il faut impérativement consulter son médecin traitant ou son spécialiste pour gérer ces périodes-là.

Frédérique Massat
Médecin psychiatre, conseillère municipale